FIGURAE VENERIS HISTORIAE, pièce de Goran Stefanovski

Il s’agit d’une farce tragique. C’est à la fois comique et tragique de voir les gens qui, selon Joyce, essayent « de se réveiller de l’angoisse nocturne de l’histoire… »

Figurae à Ohrid 2 Historiae Stefanovski

Présentation de la pièce par l’auteur :

Depuis mon plus jeune âge j’ai été fasciné par le livre « Sitten Geschichte des Weltkrieges » (L’histoire sexuelle de la Première Guerre mondiale) de Magnus Hirschfeld, publié à Berlin en 1931. C’était une critique sociale, deux grands tomes à la couverture rouge que j’ai trouvés dans la bibliothèque de mon père. Rédigée en allemand je ne pouvais pas les lire, mais je regardais avec une grande émotion les nombreuses illustrations – dessins expressionnistes de George Grosz et d’Otto Dix, cartes postales vulgaires, posters de propagande, photographies d’invalides et de prostituées, beaucoup de sang, de chair, du kitch et d’horreur.

Magnus Hirschfeld (1858-1935)  a publié plus de 500 titres sur  la sexualité, la santé, la politique, la morale et l’histoire du racisme. En 1919, lors de la République du Weimar, Hirschfeld  crée L’Institut de la science sexuelle. Il possédait une grande bibliothèque et des archives, on y tenait des conférences publiques et on donnait des consultations médicales. En tant que Juif et homosexuel qui propageait des idées progressistes, Hirschfeld est devenu  la cible des nazis subissant des attaques physiques. En 1928 il participe à La Ligue mondiale pour la réforme du genre. En 1930 il part en tournée aux USA puis autour du monde. En 1933, les nazis détruisent son Institut et brûlent publiquement sa bibliothèque et ses archives. Hirschfeld est destitué de sa nationalité allemande. Il meurt à Nice en 1935.

Le livre de Hirschfeld m’a inspiré pour écrire la pièce Figurae Veneris Historiae. Son sujet est : l’amour est impossible dans le monde de la politique. L’histoire y est présentée comme une orgie humaine en masse, une bacchanale. La guerre est un moyen dont l’histoire et l’humanité se servent pour se violer mutuellement.

Il s’agit d’une farce tragique. C’est à la fois comique et tragique de voir les gens qui, selon Joyce, essayent « de se réveiller de l’angoisse nocturne de l’histoire… »

Et même si nous réussissions de chasser cette hypnose honteuse, aurions-nous honte ?

                                                                                     Goran Stefanovski

 

Figurae à Ohrid 1  Fugurae à Ohrid public

 

GORAN STEFANOVSKI est né en 1952 à Bitola, en Macédoine. De 1970 à 1974, il étudie l’anglais (langue et littérature) à l’université de Skopje. Dans le même temps (1972-1973), il suit les cours d’études théâtrales à l’Académie de théâtre, fi lm et télévision à Belgrade. Après ses études à la faculté de philologie de l’université de Belgrade (1975-1977), il obtient sa maîtrise ès arts avec une thèse sur le théâtre de Samuel Beckett. De 1974 à 1978, il travaille pour le secteur théâtre de la Radio-Télévision macédonienne. En 1986, il fonde le département d’écriture théâtrale à la faculté des arts dramatiques de l’université de Skopje, département qu’il dirige jusqu’en 1998. Depuis, il a enseigné l’écriture théâtrale et cinématographique au Christ Church College et à l’université du Kent, à Canterbury, et il est intervenu à l’occasion de nombreuses rencontres dans diff érentes institutions internationales : UNESCO, Dramatiska Institutet (Stockholm), Brown University (Providence, Rhode Island, États[1]Unis d’Amérique), etc. Lauréat du prix de la meilleure pièce de l’année au Festival de théâtre yougoslave de Novi Sad en 1980, il est élu membre de 190 191 l’Académie des arts et des sciences de Macédoine en 2004. Il a été régulièrement membre de jurys de théâtre et de cinéma. Son parcours a été profondément marqué par la chute des régimes communistes en Europe de l’Est et la guerre en Yougoslavie en 1992. Son travail s’est alors orienté vers les questions sociales et politiques en ex-Yougoslavie, et les répercussions qu’elles ont pu avoir en Europe. Goran Stefanovski a ainsi écrit les textes de nombreux spectacles, abordant les thèmes des migrations, des confl its sociaux, de la transition postcommuniste et de l’identité multiculturelle. Un bon nombre de ses œuvres sont des productions internationales, des commandes diverses, représentées à l’occasion d’événements tels que les Capitales européennes de la culture, ou le 50e anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme, à Stockholm. Elles ont été largement représentées en Europe et en Amérique du Nord, et notamment au Théâtre Dramski de Skopje, au BITEF de Belgrade, au Theater an der Rühr de Müllheim, aux Wiener Festwochen de Vienne, à la Biennale de Bonn ou au Festival d’Avignon. Elles ont obtenu de nombreux prix, notamment au Sterijino pozorje de Novi Sad, en Serbie, et au Festival de Prilep, en Macédoine. Goran Stefanovski est notamment l’auteur de Jane Zadrogaz (1974) ; La Chair sauvage (1979) ; Vol stationnaire (1981) ; Haute- Fidélité (1982) ; Double fond (1984) ; Les Âmes tatouées (1985) ; Le Trou noir (1987) ; Une longue pièce (1988) ; Les Ombres de Babel (1989) ; Goce (1991) ; Černodrinski revient à la maison (1991) ; Sarajevo (1993) ; Vieil homme portant une pierre autour du cou (1994) ; Maintenant ou jamais (1995) ; Ex-You (1996) ; Bacchanales (d’après Euripide, 1996) ; Ce n’est qu’humain (1998) ; Contes d’une ville (1998) ; Paysage X : Euralien (1998) ; Hôtel Europa (1999) ; Tout un chacun (2002) ; Ulysse (2012) ; Langues de feu (2013) et Figurae Veneris Historiae (2014). Il a également écrit de nombreux scénarios, spectacles multimédias, livrets de ballets et d’opéras rock, séries télévisées, drames radiophoniques, pièces pour jeune public, manuels pour l’écriture de scénario, etc. Traduites en quinze langues, ses œuvres sont publiées en Angleterre, en Allemagne, en Hollande, en Pologne et aux États-Unis d’Amérique. Maria Béjanovska et Jeanne Delcroix-Angelovska en ont traduit plusieurs du macédonien en français. Goran Stefanovski était installé en Angleterre depuis la fin des années 90. Il est décédé à Canterbury en 2018. Hotel Europa, créé en version originale en 2000 aux Wiener Festwochen de Vienne, dans une direction artistique de Chris Torch et une coproduction d’Intercult de Stockholm, a été représenté la même année au Festival d’Avignon, alors dirigé par Bernard Faivre d’Arcier. La version française, Hôtel Europa, traduite de l’anglais par Séverine Magois, a été publiée aux éditions l’Espace d’un instant en 2005, et lue la même année au Studio-Théâtre de la Comédie[1]Française, par Catherine Boskowitz et le Collectif 12, dans le cadre du festival Sud / Est. Le Démon de Debar maalo, traduit du macédonien par Maria Béjanovska, a été publié en 2010 aux éditions l’Espace d’un instant, avec une préface de Philippe Le Moine, puis lu la même année au Théâtre du Rond-Point, par Dominique Dolmieu et le Théâtre national de Syldavie, dans le cadre des « Mardis midi », et enfi n créé en 2012 au Théâtre de l’Opprimé à Paris, par la même équipe. Černodrinski revient à la maison, traduit du macédonien par Maria Béjanovska, a été lu en 2012 à la Maison d’Europe et d’Orient, à Paris, par Dominique Dolmieu et le Théâtre national de Syldavie, dans le cadre de « l’Europe des théâtres », puis publié en 2013 aux éditions l’Espace d’un instant, et créé en 2015 à la Maison d’Europe et d’Orient, par la même équipe. La Chair sauvage, traduit du macédonien par Maria Béjanovska, a été lu en 2019 au 100 ECS à Paris, par Dominique Dolmieu et le Théâtre national de Syldavie, dans le cadre de « l’Europe des théâtres ».

A propos bejanovska

journaliste - traductrice littéraire
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