LA CHAIR SAUVAGE, pièce de Goran Stefanovski (Editions Flora, 2024)

C’est la pièce culte de Goran Stefanovski.

Plus de quarante ans après sa première création cette pièce est toujours jouée sur les scènes en Macédoine et à l’étranger.

Elle est d’une actualité brûlante.

« …L’idée de la chair sauvage vient d’une croyance populaire macédonienne selon laquelle : quand on avale un poil et qu’il se plante dans la gorge, autour de la racine de ce poil il repousse une chair qui n’est pas humaine, donc – sauvage, et elle pousse jusqu’à ce qu’elle étouffe celui qui a avalé le poil. À travers cette notion, qui n’est employée dans mon texte que comme symbole, j’ai essayé, en fait, de décrire une situation et le problème que tout être humain rencontre sur le chemin de sa réalisation individuelle en tant que personne libre ». (Goran Stefanovski).

Disponible sur : https://www.amazon.fr/dp/B0CXTRDQWF

La chair sauvage raconte le destin tragique de la famille Andreevic (Dimitrija, Marija et leur trois fils : Simon, Stefan et Andreja). L’action se passe en 1939 à Skopje, en Yougoslavie. Dimitrija est un ancien maçon condamné à passer la fin de ses jours dans un fauteuil roulant. Le fils cadet, Andreja, commis-épicier, est membre actif d’une organisation ouvrière ; l’ainé, Simon, travaille comme serveur dans une auberge, il en souffre et ne dessaoule pas car sa femme ne peut lui donner un enfant – un fils ; le troisième fils Stefan est un employé respecté de la filiale d’une Société allemande, dont le gérant est un Juif. Sarah, la fille de ce dernier est très attirante, et Stefan se sent intimidé en sa présence.

C’est alors qu’arrive un certain Klaus, en visite « officielle ». Pour Stefan c’est la meilleure occasion de quitter les « valeurs balkaniques » et d’obtenir « un billet pour l’Europe ». Mais qui est vraiment ce Klaus et pourquoi est-il venu à Skopje à la veille de la guerre ? L’Europe dont rêve Stefan apparaît rapidement comme un fantôme inquiétant, une menace pour tout ce qui est vivant.

Andreja – Ils passent à côté de nous, cachés derrière leurs vitres fumées, et ils nous regardent
comme si nous étions des mouches tombées dans le yaourt. Ils sont pressés d’arriver quelque part.
Après le petit déjeuner ils vont déjeuner. Et ils repassent. Ils passent pendant des siècles. Ils nous
tiennent dans la peur par des phrases, par des mystères et des dogmes. Ils nous tiennent dans la
peur de nous prendre notre pain, de détruire notre maison, de nous casser la gueule. Et nous nous
écartons de leur chemin en les saluant. Et tant que nous aurons peur, ils nous piétineront. La liberté
viendra quand nous vaincrons la peur. La liberté, c’est quand on renversera dans la rue toutes les
malles moisies des greniers, tous les matelas de coton humide, quand on détruira tous les cafards,
tous les rats et moustiques à la malaria; quand toutes les maisons seront repeintes en blanc, les
fenêtres ouvertes, tous les vêtements seront bouillis et lavés dans l’eau de source et séchés au soleil
du printemps. La liberté!

Dimitrija – Quelle foutaise, votre jeunesse ! Vous détruisez tout. Vous ne reconnaissez ni Dieu ni Diable. Aucun ordre, ni dans vos têtes ni dans vos corps. Vous faites tout comme ça vous chante, sous le souffle du premier vent, comme des mouches sans tête. Vous pensez que tout ce qui vole se mange. L’Europe vous demande ! Elle se fout pas mal de vous l’Europe. Vous soupirez pour l’Allemagne ! Et votre père qui a perdu ses jambes pour vous construire une maison, n’est qu’un débris qui ne sait pas combien font deux et deux et qui empêche les Européens de faire carrière. Vous ne savez pas vous défendre. Vous vivez à crédit. Vous périrez dans des trous, vous serez mangés par des toiles d’araignée, votre nom sera effacé, vos racines seront arrachées, pas une trace ne restera de vous. Je n’ai pas assez de larmes pour vous pleurer.

Goran Stefanovski (1952-2018) est le dramaturge le plus renommé du théâtre macédonien contemporain et un auteur de stature européenne. Il a écrit de nombreuses pièces, scénarios, spectacles multimédias, séries télévisées, drames radiophoniques, essais …Ses œuvres sont traduites en dix-sept langues dont en français. Le Démon de Debar maalo (2010), Černodrinski revient à la maison (2013) et Hôtel Europa (2005) ont été publiés par L’Espace d’un Instant puis créés à Paris et au Festival d’Avignon. La chair sauvage, la pièce culte de Goran Stefanovski, a été lue en 2019 à Paris dans le cadre de « l’Europe des théâtres » et, en 2006, au Festival « Regards croisés » à Grenoble. Ses œuvres ont fait l’objet de productions internationales en Europe et en Amérique du Nord. Ses essais ont été réunis et publiés sous le titre Eloge du contraire (Ed. L’Espace d’un instant, 2022).

Il est lauréat du Prix international Vilenica et du Prix Sterijino pozorje.

Plus d’informations sur : https://en.wikipedia.org/wiki/Goran_Stefanovski

A Paris

A Skopje avec Stoppard.

A Prague

https://www.courrierdesbalkans.fr/dramaturgies-des-balkans-la-chair-sauvage

https://www.facebook.com/events/le-100-ecs/hommage-%C3%A0-goran-stefanosvski/2272549076326449

Disponible sur : https://www.amazon.fr/dp/B0CXTRDQWF

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Les ouvrages de Goran Stefanovski publiés en français (Ed. L’Espace d’un Instant):

PRESSE

« Habituellement je lis peu de théâtre, et lire une pièce me donne avant tout l’envie de la voir jouée sur scène, incarnée, vivante.
Toutefois, dans « La chair sauvage » les personnages sont si touchants qu’on se les représente aussitôt, très fort : le père, ronchon et pessimiste dans son fauteuil d’invalide ou le fils aîné, alcoolique et désabusé ; et puis le cadet, tragiquement victime de sa naïveté et de son désir d’ascension sociale, prêt à toutes les compromissions pour réussir.
Le benjamin, Andreja, a été mon préféré avec son idéalisme ardent et poétique : « La liberté, c’est quand on renversera dans la rue toutes les malles moisies des greniers, tous les matelas de coton humide, quand on détruira tous les cafards, tous les rats et moustiques ; quand toutes les maisons seront repeintes en blanc, les fenêtres ouvertes, tous les vêtements seront bouillis et lavés dans l’eau de source et séchés au soleil du printemps. » (Isacom, Babelio, * * * * , avril 2024)

A propos bejanovska

journaliste - traductrice littéraire
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